Enrico Pieranunzi : le funambule éloquent

25 novembre 2016

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visuel-menage-a-3-finalUn vrai coup de cœur pour le nouvel album du pianiste italien, un superbe trio jazz piano/basse/batterie dans lequel Enrico Pieranunzi est parfaitement à son aise et fait preuve d’une maitrise pianistique impressionnante et d’un toucher d’une grande sensibilité. Un album qui consacre aussi la passion du pianiste pour la musique classique avec des échappées romantiques et une étonnante capacité à assimiler un répertoire d’oeuvres classiques dans son propre univers .

Ce « ménage à trois » ne fait pas référence aux trois musiciens du trio mais à l’histoire et aux multiples facettes artistiques du pianiste, ce dernier décrit les termes ce « ménage » en introduction du livret : « Depuis le début de mon aventure musicale j’ai côtoyé deux femmes splendides, les deux muses musicales de ma vie : la musique classique et le jazz. Je n’ai pas choisi l’une où l’autre, je les ai choisies et voulues toutes les deux, immédiatement. ». Ce ménage à trois est donc le théâtre d’un univers singulier, « ces deux–là, mes deux muses musicales, se connaissent et s’estiment réciproquement sans être jalouses l’une de l’autre. »

 

Dans la plus grande tradition des pianistes de jazz européen, Enrico Pieranunzi a commencé sa carrière de musicien vers le milieu des années 1970, avec plus de 60 albums à son actif, il s’est produit avec un très grand nombre de musiciens comme Chet Baker, Art Farmer, Lee Konitz, Jim Hall, Paul Motian ou  Charlie Haden. Le pianiste puise aussi son jeu, son énergie créatrice et ses influences chez de très nombreux pianistes américains aussi divers que Wynton Kelly Paul Bley ou Keith Jarrett.

Doté d’une maitrise pianistique particulièrement brillante, le pianiste est un mélodiste hors pair déployant un jeu et une inspiration particulièrement riche. Enrico Pieranunzi n’a jamais nié son amour pour la musique classique, il a d’ailleurs enseigné le piano classique de 1973 à 1998 , il a affirmé à plusieurs reprises adorer autant Bach que Bill Evans. Comme en témoigne cet album, le pianiste possède en effet une connaissance intime du répertoire romantique et impressionniste européen : de Liszt à Ravel, de Chopin à Rachmaninov.

Formidablement bien accompagné par la très efficace rythmique d’André Ceccarelli et de la belle contrebasse de Diégo Imbert, Enrico Pieranunzi assume et revendique pleinement un propos jazzistique  généreux et ouvert.

[caption id="attachment_13187" align="aligncenter" width="496"] Enrico Pieranunzi / André Ceccarelli / Diégo Imbert[/caption]

Bien plus que l’interprétation inspirée d’un répertoire classique, Enrico Pieranunzi revisite ces œuvres avec simplicité et authenticité, on découvre rapidement que cette passion là est une histoire de longue date et que cette “liaison” est en effet des plus sérieuses. Les étonnantes gymnopédies de Satie s’habillent par exemple d’étonnants habits de lumière sous un jour neuf. Enrico Pieranunzi est un musicien romantique et un mélodiste généreux, cet album est un très beau moment de piano, un superbe opus jazz et un  hommage à quelques grands compositeurs. Comme toujours, le pianiste fait preuve ici d’une grande générosité artistique, un musicien libre dont l’élégance et l’éloquence n’est pas sans rappeler celles d’un certain Bill Evans.

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