Focal Bourgogne Ebénisterie, le berceau d’un savoir-faire

12 février 2016

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Cette semaine, je vous propose la visite de la plus grande ébénisterie de France dédiée à la fabrication d’enceintes acoustiques. Propriété du groupe Focal, ce lieu du sud-est de la Bourgogne est implanté dans une localité historique de l’ébénisterie acoustique française, elle est aussi le lieu de naissance des modèles haut gamme de la marque.

> Le diaporama complet est en fin d’article

Il faut rouler près d’une heure depuis la gare du Creusot–Montceau TGV pour atteindre enfin la discrète petite ville thermale de Bourbon-Lancy, le bâtiment moderne est situé légèrement à l’écart du centre. C’est aussi dans cette petite ville de Saône et Loire que le groupe Focal a construit une partie de son histoire industrielle.

Une implantation historique

L’histoire de Focal avec Bourbon-Lancy débute en 1980 et s’inscrit dans une tradition qui remonte à 1945 lorsqu’un certain Emile Guy y installe un premier atelier d’ébénisterie. D’abord spécialisé dans la fabrication de meubles, d’ébénisteries pour téléviseurs, l’atelier réalise les premiers coffrets de haut parleur dès 1965. L’atelier assurera la sous-traitance d’ébénisteries d’enceintes acoustiques à partir de 1970 pour quelques marques françaises comme Elipson ou JM.Raynaud et réalisera ses propres enceintes sous la marque “GUY HF” avec trois modèles. A partir de 1980, Focal (sous le nom de JM-Lab à l’époque) lui confie la fabrication de ses premiers coffrages et restera toujours fidèle à l’entreprise. Une vingtaine d’années plus tard, alors que Focal représente 95 % de la production, l’entreprise décide de participer au financement de l’ébénisterie et rachètera la totalité de l’atelier en 2007. La nouvelle entité qui s’appelle désormais «Focal Ebénisterie Bourgogne» vient tout juste d’aménager dans un nouveau bâtiment tout proche de l’ancien lieu devenu trop étroit, ses deux étages rendant peu pratique la production et l’organisation du travail.

La nouvelle usine dispose d’une surface de 4000 mètres carrés de plain pied et représente un investissement de 3,5 millions d’euros. C’est donc ici, à Bourbon-Lancy que les quarante employés de Focal fabriquent de A à Z les 950 ébénisteries qui sont produites chaque mois. Une fabrication qui ne concerne que les modèles les plus prestigieux : les enceintes des gammes Electra, Utopia et de la toute nouvelle gamme Sopra.

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Je suis accueilli par Xavier Hary, le tout nouveau responsable du site, ébéniste de formation, il a travaillé dans de nombreux secteurs du luxe, qu’il s’agisse de la décoration d’appartements haut de gamme ou de l’aménagement intérieur sur mesure de yachts. Une expérience et un savoir faire qui font sens avec le niveau d’exigence des modèles haut de gamme de Focal.

Du panneau MDF au coffret d’enceinte fini

La visite de l’ébénisterie permet de suivre le parcours de création d’un coffrage d’enceinte de A à Z. La matière première est livrée à l’usine sous la forme de panneaux de MDF (fibres de bois de densité moyenne) choisies systématiquement dans une qualité supérieure élaborée à partir d’essence de bois feuillu, les épaisseurs varient de 22 à 70 mm et sont toutes d’origine française. Les vastes allées permettent une circulation aisée des pièces d’un poste à l’autre. Ici la main de l’homme se conjugue avec une automatisation de certaines tâches qui sont opérées par des machines automatisées et programmées par ordinateur en fonction de la complexité des découpes. Xavier Hary me précise dans la conversation que « nous savons fabriquer des objets en bois depuis le moyen âge, mais il faudra attendre seulement le règne de Louis Philippe en 1860 pour voir apparaitre les premières machines ».

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Dans cette première zone de fabrication qui consiste au montage de la structure des caissons, je tombe nez à nez avec une imposante et longue machine : une presse à placage qui va permettre de donner la forme nécessaire aux feuilles de placage des différentes essences de bois qui viendront finir certaines parties des caissons comme les joues (parties latérales). Plus loin, on me présente une table à toupie qui permet la découpe de certaines formes arrondies et une dégauchisseuse va rendre la platitude à certaines pièces de bois.

Une très grosse machine s’impose au fond de ce premier espace et je comprends vite qu’il s’agit un peu de la “vedette” de l’atelier : une grande cabine fermée et surélevée permet un usinage simultané sur cinq axes. En mouvement elle semble en effet se déplacer dans tous les sens, elle permet la réalisation de pièces très complexes avec une précision redoutable. La machine est programmée et pilotée par un poste informatique dédié. Comme me le rappelle Xavier Hary : « Ce type de machine représente un investissement important, mais la précision et le temps gagné est sans commune mesure avec un éventuel travail à la main » avant de s’empresser de rajouter que « la main de l’homme dans notre métier reste totalement indispensable et représente une très grande valeur ajoutée notamment dans les étapes de finition. »

[caption id="attachment_10723" align="aligncenter" width="375"]DSCF1810 Machine robotisée “5 axes”[/caption]

A quelques dizaines de mètres, un peu en retrait une autre cabine semble glisser sur un imposant double rail, il s’agit d’une tenonneuse. Une autre machine-outil robotisée qui permet de réaliser des tenons de toute sorte (un tenon est la partie mâle d’une pièce nécessaire à un assemblage par emboitement). On accepte de m’ouvrir ses larges portes métalliques qui laissent apparaitre pas moins de quatre outils différents reliés au cerveau informatique de la bête. Cette machine est unique car elle a été conçue spécialement à la demande de Focal pour répondre à ses besoins spécifiques.

Nous pénétrons a présent dans la seconde zone dédié à la première étape de ponçage des coffrets assemblés. Si cette ponceuse à bande longue permet un ponçage uniforme sur les différentes façades des caissons, la finalisation de ce travail nécessite aussi un indispensable travail de finition à la main à l’aide d’une simple brosse à poncer. Comme chaque zone de travail, le dernier espace est fermé par d’imposants panneaux coulissants, il comprend deux cabines de peintures, des espaces de vernissage, de lustrage et de montage des derniers équipements. Sans oublier « la cuisine » un lieu stratégique et clos par de grandes portes vitrées. Un lieu particulièrement bien éclairé, car c’est en effet ici que l’on conçoit et réalise les savants mélanges de couleurs. Pour ses modèles haut de gamme, Focal propose un service de personnalisation pour répondre aux demandes les plus exigences de certains de ses clients. Xavier Hary me raconte l’anecdote d’un client qui a demandé que la couleur de sa grande Utopia (modèle très haut gamme) soit parfaitement identique à celle de sa voiture de sport.

[caption id="attachment_10739" align="aligncenter" width="375"]DSCF1883 La ” cuisine ” des couleurs[/caption]

Les premières applications d’un isolant précèdent celui d’un « apprêt » qui permettra après cuisson et ponçage manuel de préparer les surfaces pour recevoir les différentes couches de peintures et vernis. Les opérations de lustrage sont quant à elles réalisées par des “petites mains” expertes qui attachent la plus grande importance à la qualité du rendu final. Equipés de leurs tout derniers accessoires, les caissons finis sont méticuleusement glissés dans d’élégantes housses en tissu,  puis elles seront emballées soigneusement avec diverses protections. Ces belles ébénisteries finies rejoindront ensuite la route pour un voyage jusqu’au siège de l’usine Focal à Saint Etienne où elles seront alors équipées des haut-parleurs, tweeters, filtres et autres composants permettant de finaliser la fabrication de l’enceinte acoustique. Douze heures de travail sont nécessaire pour la fabrication d’une Sopra 1 dans sa totalité, une durée qui intègre le travail d’ébénisterie et le travail montage des HP et tous les composants.

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Ce méticuleux processus de fabrication est aussi l’aboutissement d’un long travail de recherche et développement, «aujourd’hui nous sommes en train de travailler sur des prototypes qui seront commercialisés en 2020 » se plait à rappeler Xavier Hary, comme une façon de rappeler que cette unité de production est aussi parfaitement intégrée au travail de R&D de la marque. Avec cette ébénisterie, Focal dispose d’un outil à la hauteur de son savoir-faire et de l’exigence de ses modèles hauts de gamme. Je garderai en mémoire la performance de ces machines robotisées et l’extrême précision des gestes comme une subtile alchimie entre modernité et tradition.

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Diaporama des photos de ma visite  :

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