La fabrique de la musique

7 juin 2013

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ma pochette

Parmi les différentes écoles pour construire un système haute fidélité, certains affirmerons qu’il faut avant toute chose privilégier les sources et choisir avec un très grand soin votre secteur CD ou votre DAC. Sans vouloir rentrer dans ce débat aujourd’hui, je me propose en revanche d’évoquer la question de la fabrique de la musique à savoir l’enregistrement et le mixage.

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Si en qualité d’auditeur nous ne pouvons nullement agir sur ces paramètres, nous avons tout de même la possibilité de choisir un CD aussi parce qu’il est particulièrement bien enregistré. Le label allemand ECM (comme je le signalais dans l’Avant-Propos de ce blog) est l’une des rares maisons de disques à avoir su imposer une véritable signature sonore. Combien de fois je me souviens avoir acheté un album ECM ” à l’aveugle ” juste pour le plaisir de retrouver cet univers sonore si particulier. Aujourd’hui si tous les labels revendiquent des enregistrements de qualité, je pense qu’en réalité seules quelques maisons de disques en font véritablement la démonstration. Je considère en effet que l’uniformisation d’un son très performant est trop souvent au détriment de la musique elle-même. L’objectif est de plaire au plus grand nombre avec des basses trop souvent prédominantes et des effets de toutes sortes pour créer un habillage facile et immédiatement séduisant, autant d’artifices qui fatiguent véritablement à la longue nos chères oreilles.

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Par exemple, j’ai été récemment singulièrement agacé par l’enregistrementd’une jeune chanteuse de jazz (Fanny Bériaux) avec un album qui illustre parfaitement l’excès absolu d’effets en tous genre avec une réverbération ultra dominante qui relève plus de l’artifice et dont la musique à mon sens se vide totalement de sa substance émotionnelle. S’agit-il ici de faire entendre avant tout la respiration et le souffle de cette jeune femme ? Lui a t-on greffé un micro dans la glotte pour nous imposer un tel supplice ? C’est à se demander si l’ingénieur du son ne serait pas également un pneumologue spécialiste des bronches ? Quel est donc l’intérêt de proposer d’entendre des sons que l’on ne percevrait pas naturellement ? Il s’agit ici d’une performance outrageusement démonstrative bien loin d’une démarche artistique dont l’objet serait de valoriser l’âme de la musique.

En revanche, il faut saluer les quelques labels qui font un vrai travail pour proposer des enregistrements de qualité, équilibrés, respectant à la fois l’acoustique naturelle des instruments et le choix des artistes, il faut citer la maison de disque passavant qui revendique maîtriser les conditions d’enregistrement depuis son studio dédié jusqu’à l’exceptionnelle qualité de ses gravures et de proposer certains albums en master studios, je pense aussi à l’excellent travail du label Naim. Côté jazz, le Label Bleuest aussi un belle référence, mais mon coup de cœur dans ce domaine va vraiment au travail de Jean-Jacques Pussiau qui a créée et dirigé le défunt label OWL mais dont on trouve encore les enregistrements, notamment sur Qobuz ici. Pour ceux qui s’intéressent au piano jazz, je ne saurai que trop recommander les premiers albums de Michel Petrucciani enregistrés chez OWL de 1981 à 1985 qui sont de véritables petites merveilles, notamment ce duo avec Lee Konitz qui représente à mes yeux une référence dans le domaine des enregistrements de piano jazz.

duo petrucciani

Si je devais donner un ultime coup de cœur pour une maison de disque, sans hésiter, je retiendrai le label américano-japonais ma Recordings dont j’avais rencontré le patron et fondateur Todd Garfinkle il y a quelques années lors d’un salon de la Hifi à Paris. Ce petit label indépendant met clairement en avant le choix de procéder à des enregistrements acoustiques réalisés en prise directe (qui ne font l’objet d’aucun mixage), les enregistrements sont effectués avec deux micros omnidirectionnels et sont utilisés directement comme “Master” pour la gravure des albums. Chaque album détaille par ailleurs la liste précise du matériel d’enregistrement utilisé. Ici, on favorise donc des instrumentistes solo ou des petites formations acoustiques, des enregistrements sont souvent effectués dans des milieux acoustiques naturels, à l’instar de ce sublime album du luthiste Eduardo Egüz (photo en tête de l’article) et dont la résonance naturelle du luth dans ce cloître italien est saisissante sur ces pièces de Bach. Le catalogue de ma Recordings propose une très grandes richesse de répertoires, avec un accent particulier sur les musiques du monde. Le catalogue permet de découvrir beaucoup de jeunes artistes peu diffusés, n’est-ce pas aussi la vocation première d’un label ? A regarder de plus près le catalogue des grandes majors, on pourrait sérieusement en douter.

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