Le salon des décibels … puis vint la musique, enfin !
Samedi 9 novembre 2013. Paris, Hôtel Marriott, Salon Haute-Fidélité. Lorsque je pénètre dans le grand hôtel, mon pas est volontaire et je suis plutôt de belle humeur. Alors que j’attends patiemment l’ouverture des portes d’un salon pour participer à une écoute, je surprends une conversation avec un revendeur “de toute façon il est impossible de trouver un bon amplificateur intégré à moins de 5500 €”.
Le ton est donné, un peu plus tard lors de cette première journée alors que je procède à l’écoute d’une paire d’enceintes à 1500 €, on m’indique tranquillement que les électroniques associées coûtent respectivement 7000 € (pour l’ampli) et 7500€ (pour le CD), sans parler d’un câble HP à peut près gros comme le bras. Associer 15.000 euros d’électroniques pour une paire d’enceinte dix fois moins chères, nous prendrait-on pour des imbéciles ? Autant dire que ce genre d’association démontre parfaitement l’absurdité d’une telle écoute, personne ne fera un tel mariage dans son salon, une telle écoute est donc totalement déplacée et relève plus d’une démonstration de force que d’une association raisonnable et raisonnée qui pourrait quelque peu éclairer le consommateur mélomane.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Vous reprendrez bien quelques Haut–parleurs pour le dessert ?
Malgré mon intention d’éviter quelques chinoiseries honteusement rebadgées « Made in France » ma curiosité m’amène quand même à participer à l’écoute d’une petite paire d’enceinte bibliothèque qui au bout d’une vingtaine de minutes me procure autant d’émotion qu’un tabouret de cuisine pourrait le faire.
Je trouve finalement refuge chez Atoll avec (enfin) de la musique au programme et de raisonnables électroniques joliment associées pour l’occasion à une paire d’enceinte « Prime » de Tune audio (fabricant grec). Des enceintes à Haut-parleur large bande proposant une signature d’une assez belle fraicheur, une singularité qui finit tout même par me refroidir un peu (6500 €). Bon, même si je reconnais les belles qualités de cette proposition, il m’est difficile de ne pas imaginer les beaux systèmes qui me plairaient d’assembler pour ce tarif là, j’ai quelques idées précises sur la question.
Le salon Atoll/Tune Audio
Je navigue ainsi de salon en salon et je finis par me demander (compte tenu peut être de l’âge moyen du participant qui ne se rajeunit guère d’année en année) si tout ce beau monde ne souffrirait pas de problèmes auditifs sérieux. On écoute fort, on propose des écoutes très démonstratives, on en prend plein la figure à la limite parfois du supportable.
Devialet s’offre un stand digne de ce nom, mais il faut aller derrière la grande toile de la marque pour découvrir une dizaine de tabourets design installés dans un espace de 15 m2 tout au plus et se retrouver nez à nez avec une immense paire d’enceintes Magico (dont le raffinement musical m’a quelque peu échappé). Malgré cette installation peu flatteuse et totalement surdimensionnée, je m’installe et j’écoute. Au bout d’une vingtaine de minutes, je sors sonné, la fatigue auditive atteint son paroxysme, la violence et l’agression auditive est à son comble.
Dans ce concert de décibels et de démonstrations « musclées », je trouve enfin une île, un refuge, une alternative : Les enceintes Mulidine. Ces trop discrètes enceintes sont le fruit du travail d’un artisan (Marc Fontaine). L’écoute du modèle « Cadence » est associée ici à une électronique Euphya (autre marque française artisanale) et à un ampli à lampes « maison ».
Ces derniers mois j’ai fait deux longues écoutes des enceintes Mulidine et je confirme ici mes premières impressions. Le propos n’est pas de faire dans le clinquant ou de défendre une signature acoustique particulière mais bel et bien d’être fidèle à la musique ni plus ni moins. L’objectif consiste à rechercher l’authenticité et la vivacité de la musique. La voix de Renée Fleming est d’un réalisme étonnant (ma voisine laisse échapper une larme). J’ai assisté à quatre écoutes (avec un programme musical à chaque fois différent). Très vite, on se sent proche des artistes, ces enceintes démontrent une belle capacité à se faire oublier pour ne garder que l’essentiel : la musique. Celle-ci respire et remplie la salle avec une étonnante facilité, elle s’offre à nous avec une présence singulière et une belle simplicité. La scène sonore est exceptionnelle, je suis touché par ce que j’écoute. Mulidine réussit ce qu’il y a de plus subtil et de plus essentiel dans la reproduction de la musique : nous offrir de la vie.
Mulidine commercialise quatre modèles d’enceintes à partir de 1300 € la paire, je tenterai prochainement d’aller à la rencontre de cet artisan pour vous faire découvrir son travail.