J’ai découvert avec une totale délectation un album de Michel Godard enregistré en 2011 : “Monteverdi, a trace of grace”, un album qui accompagnera sans aucun doute quelques beaux moments de farniente estivale.
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Michel Godard est un artiste singulier, d’abord par son instrument : le serpent, l’ancetre du tuba, instrument qu’il enseigne par ailleurs au conservatoire national supérieur de Paris depuis 2002. Le parcours de cet artiste est unique car il fait parti de ces rares artistes à mener une carrière à la fois dans le milieu du jazz et des musiques improvisées et de la musique classique, notamment baroque.
Michel Godard et son serpent
Enregistré à l’Abbaye de Noirlac (ancien monastère cistercien près de Bourges) , ce passionné de musique ancienne a donc réuni un trio baroque et un trio de jazz au service du répertoire de Monteverdi.
Michel Godard s’est notamment entouré de l’incroyable chanteur sarde Gavino Murgia qui offre notamment un registre dans le grave tout simplement stupéfiant et du bassiste Steve Swallow, bien connu des amateurs de jazz (qui s’est notamment longuement illustré au coté de Carla Bley) , son toucher de basse si distinctif apporte ici un relief particulier à l’ensemble.
Si Les amateurs de musique ancienne et de jazz reconnaitront quelques univers d’appartenance, ceux qui voudront definitvement retrouver leurs “étiquettes” seront vite égarés. A vrai dire, il suffira de se laisser porter par la poésie tranquille d’un Monterverdi flamboyant, s’abandonner à ces belles respirations dans la magnifique acoustique naturelle de l’Abbaye de Noirlac dont la prise de son est au passage somptueusement dellicate.
Un mariage inattendu dont seul Michel Godard a le secret grace à une double culture musicale, indispensable pour faire se recontrer deux mondes si éloignés, un choix qu’il revendique aussi par quelques similarités dans le travail des artistes. “ il y a beaucoup de points communs entre un musicien du XVIème et un musicien de jazz aujourd’hui, d’où l’idée de faire se rencontrer des musiciens spécialistes de la musique de la Renaissance ou baroque et des musiciens de jazz ouverts sur d’autres pratiques musicales. Il ne s’agit pas de rester chacun chez soi, que les jazzmen improvisent sur Monteverdi, mais bien de comprendre le langage de chacun, de tisser des liens entre les deux mondes, de trouver un langage commun.” affirmait -il à l’occasion de la sortie de son album.
La formation de Michel Godard en concert
Le résultat de cette rencontre est tout simplement somptueux, la présence de ce serpent très aérien est autant surprenante qu’envoutante et donne à l’ensemble une poésie subtile, comme un écho généreux et savant à l’écriture du compositeur italien. L’exercice ne consiste nullement à singer des pratiques musicales ou pire encore à jouer Monteverdi en jazz, j’ai souvenir de quelques expériences de ce type fort peu concluantes, notamment l’interprétation de pièces de Bach par le pianiste Keith Jarrett qui m’avait laissé franchement dubitatif.
Ici les deux trios qui se répondent et les voix et les instruments se rencontrent, si bien que l’on ne parviens plus vraiment à distinguer l’ancien du moderne, le baroque du jazz, deux univers qui finissent par n’enfanter que de l’essentiel de la musique : la grâce.
- Michel Godard : serpent
- Guillemette Laurens : voix
- Gavino Murgia : saxophone, voix
- Fanny Paccoud : violon
- Bruno Helstrofer : théorbe
- Steve Swallow : basse
Je vous invite à regarder une petite séquence vidéo tournée pendant l’enregistrement de l’album : 3 minutes de bonheur .
Cet album est aussi disponible sur Qobuz en qualité CD et en qualité Studio Masters.