Et si vous passiez au son bio ?

11 octobre 2019

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Derrière cette invitation un peu fantaisiste se cache quelques réflexions des plus sérieuses et un propos militant. Cette livraison de la semaine aurait pu aussi s’intituler ” Slow sound “ , comme une manière un peu décalée de faire aussi l’apologie du son analogique, du vinyle et des amplis à tubes. Il a fallu d’abord lutter contre la “malbouffe du son” avec le mp3 et ses vilains formats compressés, mais le développement des fichiers en qualité CD ne doit pas nous priver de nous interroger sur ce que l’on souhaite vraiment pour le bien être de nos oreilles et notre âme .

Zapping et musique à la découpe

L’affaire commence dans les années 70 et le nouveau téléspectateur possède donc un boitier qui lui permet de changer de chaines en restant dans son fauteuil … Ah les progrès du monde moderne, la zapette deviendra par la suite un outil indispensable dans les années 80 avec l’arrivée des premiers lecteurs de CD qui ont aussi apporté cette fonctionnalité très pratique permettant de passer d’un titre à l’autre. Trente ans plus tard, le zapping musical trouve son apogée avec la musique dématérialisée avec sa musique ou l’on peut faire des playlists à l’infini en mélangeant les titres de plusieurs albums,  convertisseurs et autres lecteurs réseau se pilotent  bien entendu à distance via un smartphone ou une tablette: le zapping devient ludique ! Mais force est de constater que la tentation du zapping est très forte et que l’organisation chronologique et artistique d’un album perd sans doute de sa pertinence avec des usages de la musique “à la découpe”.

Le format des fichiers : la course à l’échalote

Certes il a fallu lutter contre la “malbouffe du son” avec le mp3  et ses vilains formats compressés et faire entendre la différence, merci Qobuz !

Puis on a proposé des fichiers haute qualité avec une terminologie très marketing : son studio, fichier HD, fichier master studio … des fichiers Hi-Res à la portée de tous ? la différence tient parfois à d’infimes détails et l’oreille humaine a aussi ses limites et je rappelle (sans être déplaisant pour quiconque car je fais partie de ce segment) que notre capacité auditive diminue à partir de l’âge de 20 ans et que la presbyacousie commence entre 50 et 60 ans ! (lire mon article “ma visite chez l’ORL” du 24 mars 2017) . Apprécier réellement les différences entre un fichier FLAC d’un fichier HD nécessite d’abord de disposer d’un excellent système à commencer par un convertisseur de très bonne facture . Or cette course à l’échalote du fichier HD toujours plus performant est souvent un leurre tant que l’on a pas réglé l’optimisation d’un bon système .

Vinyle et son tube

Le retour du vinyle est d’abord le retour d’un objet et d’une gestuelle rituelle socialement valorisante, c’est à la fois un retour nostalgique pour ceux qui l’ont connu dans les années 70 et une vraie découverte et souvent un choc  pour la génération “mp3” qui n’a pas connu le compact disc . La lecture mécanique d’un album vinyle impose d’en écouter au minima une face et le zapping ici est peu pratique et va à l’encontre des codes cérémoniels autour de l’objet. L’auditeur attentionné apprendra au fil des plages que l’écoute vinyle ne provoque pas de fatigue auditive et sans doute que la musique l’emporte sur le son qui reste perfectible, mais tellement charmant. Il découvrira aussi que sa machine est une vraie plateforme évolutive , on peut la faire évoluer et augmenter considérablement la qualité en changeant le bras ou la cellule.

Les progrès de l’électronique se sont accompagnés par des méthodes d’amplification économes en énergie et disposant d’excellent rendement , comme la classe D mais dont l’écoute peut s’avérer assez vite fatigante et sans âme. Un grand nombre de fabricants ont opté pour l’option la plus raisonnable avec des amplis en classe AB qui représentent une sorte de compromis acceptable. A l’inverse la classe A est unanimement reconnue comme chaleureuse et musicale de surcroit si votre ampli est à tubes, il devrait vous offrir une signature sonore charnelle avec de la matière acoustique qui va redonner de la vie à vos titres préférés. Un choix qui n’écarte nullement la musique dématérialisée, nombre d’amplis intégrés à tubes aujourd’hui intègre aujourd’hui une carte dac.

Prenez le temps d’une vraie respiration musicale “bio” avec un bon vinyle ou une playlist joliment chantée par des tubes . Poser le bras de lecture sur la face du microsillon, attendre fébrilement les premières notes, au préalable vous aurez laissé tranquillement votre ampli à tubes monter en température pour mieux en savourer toutes les saveurs. Tenter et  vivre cette expérience, c’est sans doute une autre manière de réinventer ses écoutes, d’oublier son matériel pour mieux apprécier l’essentiel : la musique et son âme.


 

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