La haute fidélité réservée à une élite ? Oui et non ! Certes, il y a des enceintes acoustiques dont le tarif est bien supérieur à celui de votre voiture neuve. Mais, il y a aussi quantité de produits aux tarifs très abordables qui pourront vous offrir satisfaction à la seule condition de tenter de répondre à la « question qui tue » et qui revient légitimement sur le tapis : “est-ce un bon matériel ?” La réponse à cette question n’est pas simple, car elle est elle-même conditionnée par d’autres questions en retour : pour quel usage ? Comment écoutez-vous la musique ? sur quels supports ? dans quelle pièce ? à quelle fréquence ? Un jeu de questions-réponses qui pourrait vous paraitre étonnamment complexe, mais qui reste pourtant essentiel. Parmi ce petit questionnaire à la Prévert, une question reste déterminante, celle de votre propre expérience d’écoute et en particulier du matériel que vous avez utilisé.
Tentons donc une petite étude de cas des plus classiques : Monsieur X a acheté son dernier matériel entrée de gamme en 1979 à la FNAC (enseigne qui, au passage, a transformé l’agitateur culturel en agitateur culinaire, les rayons de hifi ayant été remplacé par de l’électroménager ! ) . Mr X possède un salon de 25 m2, ecoute surtout du jazz et de la musique de chambre environ 2 heures par semaine. Son ancien matériel a rejoint depuis quelques années sa cave, quand à sa collection de CD, elle prend lentement la poussière en haut d’une étagère. Il a entendu parler de la musique dématérialisée, mais il ne souhaite pas passer des heures à monter une nouvelle petite usine à gaz, il recherche une solution simple, facile à mettre en oeuvre avec un budget inférieur à 1500 €.
Voilà donc un exemple de solution clef en main pour Monsieur X : un ampli dac TEAC AI-501-DA, une paire d’enceintes bibliothèque Q Acoustic 3020, une paire câble Atohm ZEF mini pour une addition totale inférieure à 1200 €, auquel il faudra rajouter un abonnement Qobuz « hifi » (qualité CD) pour 20€ par mois, un investissement qui sera très vite rentabilisé compte tenu du caractère illimité des écoutes qu’il pourra effectuer en streaming. J’ai vécu pendant une dizaine de jours avec cet ensemble et voici donc mon compte rendu.
Ampli-DAC TEAC
Faut-il rappeler en préambule que le groupe japonais TEAC est un acteur historique, notamment dans la fabrication des mécaniques CD qui ont équipé des millions de lecteurs CD (Atoll par exemple parmi de très nombreuses fabricants). Le groupe dispose d’une division grand public (produits TEAC), TASCAM qui propose des produits professionnels à destination des studios et ESOTERIC du matériel haut de gamme.
L’amplificateur TEAC AI-501 DA est un appareil fort sympathique, bien équipé, ergonomique et qualitatif pour son prix. Il intègre un convertisseur et pourra donc être directement connecté à son ordinateur par un simple câble USB. Cerises sur le gâteau : l’appareil n’est pas très encombrant et il est doté d’une esthétique flatteuse avec un coté peu rétro façon « rack » de studio, cet appareil a aussi l’avantage d’être ergonomique. Le bouton ON/OFF façon « aviation » est précis tout comme le bouton de volume dont la manipulation et le toucher sont particulièrement rassurants. Les vues-mètres offrent une présence dans l’obscurité bien sympathique. L’appareil est bien équipé : un simple bouton de sélection permet de choisir parmi les nombreuses entrées : USB, S/PDIF (coaxiale et optique) et deux entrées RCA. Un circuit d’amplification dédié pour le casque est très appréciable avec sortie casque en façade. J’ai aussi apprécié la mise en veille automatique qui protègera votre appareil d’une tension secteur inutile en cas de non-utilisation. Doté d’une puissance de 2×30 watts, il deviendra de fait limité pour des surfaces au-delà de 30 m2, les espaces très ouverts ou pour l’alimentation des enceintes colonnes à faible rendement. Une association avec de petites enceintes bibliothèque vivaces s’impose donc tout naturellement et la « rencontre » avec ces petits Q acoustiques 3020 a été des plus intéressantes.
[caption id="attachment_10953" align="aligncenter" width="415"] Q Acoustics 3020[/caption]Q Acoustics 3020
Ces petites enceintes sont très compactes ; la finition et l’assemblage ne souffrent d’aucune critiques. Un coffrage en résine est du plus bel effet et a sans doute permis de réduire les coûts. Si sa compacité est appréciable, en revanche l’objet est assez profond et il faudra veiller dans le cas d’un placement dans une bibliothèque de pouvoir disposer d’une profondeur confortable. Elle est équipée d’un tweeter annulaire d’un HP médium grave de 125 mm avec une membrane en fibre d’aramide et papier, des caractéristiques qui lui confère à la fois très légèreté et rigidité. Commercialisé du tarif inférieur à 300€ la paire, je vois déjà les premières grimaces au fond de la salle. Oui, ces enceintes de conception anglaise (et vous vous en serez doutés) sont fabriquées en Chine, mais leurs performances sont réellement étonnantes pour ce tarif. Elles ont montré immédiatement un certain volontarisme, une réelle vivacité avec, s’il vous plait, la présence d’une vraie scène sonore. Ce ne sont pas les meilleures enceintes bibliothèque du marché, mais pour ce tarif, il sera très compliqué de trouver mieux ! La prestation est en effet plus qu’honorable, l’équilibre tonal est satisfaisant, les graves manquent certes un peu de profondeurs, mais sont assez bien définis, le médium est assez surprenant et le niveau de détails franchement pas à rougir de petits modèles de ce type beaucoup plus cher.
Un détail tout de même un peu curieux du côté de l’arrière, le bornier accueille en effet deux connectiques femelles parfaitement dissymétriques, il faut en effet tordre son câble HP pour le brancher, une fantaisie des ingénieurs anglais qui représentent quand même une contrainte pour les utilisateurs ! Par contre, une astuce intéressante permet de boucher l’évent arrière à l’aide de bouchons mousses fournies afin de pouvoir les positionner près du mur arrière en évitant ainsi un excès de faux graves. Je vois encore quelques mines septiques qui vont légitimement vouloir questionner une fiabilité possiblement hasardeuse … Q Acoustics apporte une réponse simple et qui laisse sans voix : une garantie sur tous les modèles de … 5 ans !
Accompagné du TEAC, le mariage est fort sympathique et chaleureux et Monsieur X va pouvoir enfin entrer dans un nouvel univers sonore sans avoir recours à un couteux emprunt. Sauf à déménager dans un salon de 100 m2, plus tard il pourra faire évoluer son système pas à pas. Par exemple avec cette paire d’enceintes EPOS K1 à 600€ la paire qui va incontestablement va lui offrir un grave plus profond, un niveau de détail supérieur et une texture des timbres plus riche. Mes écoutes ont en effet révélé une scène sonore beaucoup plus ample avec les K1. J’ai par contre été sévèrement agacé par une étrangeté pour le moins scandaleuse : cette marque anglaise propose des grilles de protection en option moyennant finance ! Une chance qu’il ne faille pas payer pour les borniers, on peut effectivement brancher les câbles sans suppléments de tarifs, une aubaine ! Une fois la colère (justifiée) retombée, ces petites Epos K1 méritent un vrai intérêt, car là encore, le tarif est raisonnable et surtout performant pour la valeur ajoutée acoustique.
[caption id="attachment_10954" align="aligncenter" width="391"] EPOS K1[/caption]L’ensemble TEAC / Q ACOUSTICS est à la fois un mariage de raison et de plaisir, mais il faudra encore résister à l’ultime tentation d’économie de bouts de chandelles qui pourrait gâcher la fête. Ne cédez pas à la tentation de lire des fichiers mp3, de poser ces enceintes (sous prétexte de leur taille) sur des meubles à la va-vite (des pieds adaptés restent un bon investissement) ou d’utiliser comme câble HP un simple fil conducteur.
Ce « petit » système est un bel exemple parmi tant d’autres de ce qu’il est possible de concevoir pour retrouver le plaisir d’une écoute musicale de qualité avec un budget très maitrisé.
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Spécificités techniques :
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