Alors que le développement de la musique dématérialisée de qualité pouvait laissez penser que les supports physiques de la musique étaient définitivement en voie d’extinction, voila que la major Universal Music a lancé il y a un mois un nouveau support : le Blue Ray Pure Audio, avec la promesse d’apporter une qualité supérieure au CD et une capacité de stockage bien supérieure.
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S’il est difficile de contester le second point, on peut en revanche s’interroger sérieusement sur le premier, les avantages qualitatifs par rapport à un fichier master de chez Qobuz ne semblent pas à priori absolument évidents.
Universal Music est-il en train de nous prendre pour de dociles pigeons ? Afin de justifier le prix unitaire de ce nouveau support à 20 €, la major utilise deux arguments forts peu convaincants. Plutôt que d’accompagner et de promouvoir la musique dématérialisée en qualité CD, elle s’appuie sur le prétexte fallacieux du seul mp3 pour se considérer comme un recours indispensable. Là encore, c’est nier de façon un peu grossière l’absence de services de musique à la demande de qualité comme Qobuz .
Secondo, le principal argument utilisé concerne le format lui même des supports qui peuvent êtres lus par un simple lecteur Blue Ray (dont 30 % des foyers seraient équipés selon Universal) , un matériel très généralement associé à une télévision voire à un système home cinéma , la première vocation du format Blue Ray classique étant de remplacer peu à peu le format DVD (les ventes de Blue Ray vidéo devraient dépasser celles des DVD en 2015). Ce mariage de la carpe et du lapin témoigne d’une association bien curieuse entre un support audio de haute qualité avec un lecteur dont l’usage est d’abord vidéo et qui est rarement conçu comme un appareil audiophile.
Le compact Disc vient d’atteindre l’âge de 33 ans (l’âge du Christ) mais sa résurrection est plus qu’improbable, ce nouveau support semble représenter un ultime baroud d’honneur. La dernière tentative de ce genre (le SACD lancé par Sony et Philips en 1999) s’était pourtant soldée par un échec commercial. Proposé pourtant à une époque où la dématérialisation de la musique n’était qu’un rêve, les ventes de SACD n’ont jamais vraiment décollé. Par ailleurs le premier catalogue des Blue Ray pure audio ressemble à une plaisanterie qui ferait pâle figure par rapport à n’importe quelle playlist de collégien : seulement 36 références en variété française, internationale, jazz et classique . C’est à se demander si Universal Music est véritablement convaincu lui même par sa propre entreprise avant de se justifier au final que la France servira de marché test.
En réalité ce énième support audio est visiblement déjà mort-né et ne représente que le chant du signe d’une partie de l’industrie du disque qui fait mine d’ignorer que la vraie révolution qui est déjà en marche depuis de nombreuses années : celle de la musique dématérialisée de qualité dont les ventes ne cessent d’augmenter. Universal Music a décidément un train de retard et cette ficelle commerciale là parait aussi grosse que peu crédible.
Sans doute même une belle réédition de disques vinyles aurait été plus efficace.
Mais aucune major n’ose un tel apparent retour en arrière.
Pourtant, ça résout bien les problèmes de copie, et la qualité peut réellement être au rendez-vous.
Alors, évidemment, ce ne sera pas la support le plus grand-public, mais à 20€, le blue ray pure audio non plus.