Le retour du vinyle : une vraie tendance ?

13 février 2015

Accessoires et divers

9 commentaires

 

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Mesurer la « tendance vinyle » à la seule lecture des chiffres de vente de disques neufs est probablement un beau trompe l’oeil. J’ai mené l’enquête, recoupé des informations et des chiffres pour tenter de comprendre si le phénomène « vinyle »

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est le fruit d’un emballement médiatique ou d’une vraie tendance. J’ai aussi interrogé des professionnels qui, chacun à leur manière, sont aux avant postes : le co-fondateur de la première plateforme de vente de platines en France maplatine.com et le gérant d’un des plus grande place de marché de ventes de disques d’occasions CD&LP, un marché très dynamique que l’on a parfois tendance à oublier un peu vite.

Les ventes de vinyles neufs ? L’arbre qui cache la forêt

Concernant les ventes de vinyles neufs, le SNEP (Syndicat National de l’Industrie Phonographique) vient de livrer son bilan de l’année 2014 concernant les ventes de supports neufs. En France, 514.000 vinyles neufs ont été vendus l’an passé soit une augmentation 42 % par rapport à 2013 et deux fois plus qu’un y a deux ans (230.000 en 2012) mais les ventes de ce format ne représenteraient que 2,8% des ventes de supports. Le SNEP reconnaît par ailleurs ne pas prendre en compte la totalité des labels indépendants qui représentent des ventes importantes en vinyle. Le SNEP prétend couvrir 85 % de ces labels, mais selon des sources internes aux labels, ce chiffre serait très inférieur et donc la part des ventes largement sous-estimée. Chez nos voisins anglais,  le niveau des ventes de vinyles est encore plus impressionnant et a représenté 1.3 millions d’unités en 2014, un chiffre jamais atteint depuis 1995 (source British Phonographic Industry), la tendance est aussi clairement à la hausse en Allemagne. Aux Etats-Unis où plus de 9 millions de galettes noires ont été écoulées en 2014, la progression est importante par rapport à 2013 avec une hausse de 50 % (source Institut Nielsen).

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Mais si l’on veut observer cette tendance dans toute ses composantes il faut regarder ce qui se passe du coté du marché de l’occasion qui représente une part très importante des ventes de vinyles comme en témoigne quelques points de ventes indépendants contactés par téléphone. CD&LP est la plus importante place de marché en Europe spécialisée dans la vente de CD et vinyles d’occasion et propose 15 millions de Disques Vinyle et CD. Pour Xavier Brescia fondateur de la plateforme, « les chiffres sont sans appel : 87 % des ventes concernent les vinyles, contre seulement 11% pour les CD ». La plateforme Amazon revendiquerait quand à elle des ventes qui auraient multipliées par dix entre 2005 et 2012, elles auraient même augmenté de 745% sur les cinq dernières années ! Des ventes en occasion qui sont souvent motivées par le souhait de retrouver des enregistrements analogiques originaux, l’achat d’un vinyle neuf pressé à partir d’un master numérique n’a peu d’intérêt de mon point de vue sur le strict plan de la valeur ajoutée auditive. S’il est parfaitement impossible de quantifier les ventes de vinyles d’occasion en France et dans le monde, les quelques chiffres et tendances donnent le vertige et rendent effectivement les ventes de vinyles neufs assez dérisoires.

Les ventes de platines disques

maplatine.com est la première plateforme de vente de platines vinyles en France avec plus de 700 références et près de 2500 platines vendues l’an passé. Franck Thareault, co-fondateur de maplatine.com est donc assez bien placé pour observer le phénomène du coté du matériel. « Les ventes de platines ne font qu’augmenter année après année, après des taux de progression de 30% par an, il semblerait que l’on constate une accélération ces toutes dernières années. Le meilleur exemple est sans doute celui fourni par le leader du marché la maque Pro-ject qui a vendu plus de 150.000 unités l’an passé et 250.000 platines en seulement deux ans. »

Les quadras et les quinquas serait-ils devenus si nostalgiques ? Franck Thareault apporte quelques éléments qui démentent cette seule tendance : «  En ce qui concerne les motivations de nos clients, il y a en réalité plusieurs facteurs, nous avons beaucoup de jeunes utilisateurs qui découvre le support pour la première fois et qui sont totalement novices, d’autres qui éprouvent juste le besoin de réécouter les vinyles de leurs parents et puis il y a bien entendu tous ceux qui ont connu les vinyles avant les années 80 et qui souhaite le redécouvrir. »

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Platines Pro-Ject Debut Carbon

(Re)naissance d’une communauté vinyle ?

Ce « retour du vinyle » se traduit par une communauté d’utilisateurs toujours plus nombreuse comme le confirme les chiffres de vente de disques d’occasions et de matériel. L’importance de cette communauté est cependant difficile à quantifier, un nouvel utilisateur pouvant parfaitement échapper aux statistiques pour le peu qu’il investisse dans du matériel d’occasion pour profiter des vinyles de ses parents par exemple. Année après année, les chiffres des industries du disque en Europe et aux Etats-Unis confirment deux autres tendances : le développement de la musique dématérialisée et la chute des ventes de CD, un support qui pourrait bien à terme laisser sa place à la grande galette noire, objet autrement plus attachant, d’autant que la version numérique et dématérialisée du CD ne nécessite plus de s’embarrasser de ces galettes de plastique.

Belle cerise sur le gâteau pour les amoureux du son : ce retour en grâce peut s’avérer vraiment qualitatif à condition d’être peu attentif au matériel utilisé pour le peu qu’on prenne le temps d’associer une platine vinyle de bonne facture avec des éléments qualitatifs et cohérents. Le vinyle représente alors une alternative pertinente pour une écoute sédentaire, l’occasion aussi de retrouver l’authenticité et la saveur incomparable des enregistrements analogiques.

 

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9 Réponses à “Le retour du vinyle : une vraie tendance ?”

  1. audousset philippe

    Bonjour

    J’ai conservé tous mes vinyles bien que je ne les écoute plus, m’étant débarrassé de ma Thorens N° ? et de la Shure V15 dont le diamant n’a pas résisté aux assauts pourtant modestes de ma femme de ménage!
    Je n’attends plus qu’un peu de place dans un autre appartement et un couvercle blindé sur la prochaine platine TD. Une Verdier bien lestée pourrait convenir!
    Quant aux disques d’occasion, je ne suis pas sûr qu’ils soient conservés dans de bonnes conditions et que les anciens propriétaires les aient également bien traités, d’où ma réticence à m’en procurer d’occasion si elle se présentait!

  2. Le retour du Vinyle est dans la droite ligne du succès des tournées de nos chanteurs ‘vintage’ qui font un tabac tous les ans. Drucker n’a-t-il pas invité dernièrement Nana Mouskouri ?? Diable c’est ‘retour vers le futur’: la télé des années 70 !!
    Je pense que la société contemporaine a, sous des prétextes de laïcité imposée par nos élites, déstabilisé des valeurs qui durent plus longtemps qu’une vie humaine décalant les mentalités d’avec l’évolution contrainte de nos environnements.
    Ce retour du vinyle est un corollaire du vacillement moral. Personne ne réclame le retour de la roulette du dentiste des années 70 !! Mais on revient au vinyle et à Nana Mouskouri…

  3. Dot Os Klo

    Ouai, tout fout le camp, dediou… 🙂 y compris le vinyl…

    c’est possible que se soit un effet de curiosité pour les jeunes. Mes vinyls sont à la cave et mes platines au compost. Je me délecte des enregistrements, cristallins, real-surround de Tacet et j’espère que c’est plutôt vers là qu’on se dirige, dediou…

  4. J’ai conservé mes vinyls, j’en ai récupéré aussi: ma platine Thorens TD 166 a repris du service avec une cellule Grado master. C’est un vrai plaisir. Si j’écoute aussi des CD, les meilleurs vinyls n’ont de concurrent pour la qualité sonore que les fichiers HD 24 bits, les SACD aussi (mais trop chers).
    Mais il n’y a aucune raison de payer les prix souvent proposés pour ces précieuses galettes!

  5. … avec mes 1200 disques vinyles 33tr et mes 300 45tr, qui dormaient depuis 20 ans chez mes parents, j’ai remis en marche ma platine thorens, changé la cellule et racheté un ampli – je trouve que du bonheur!!! J’ai même racheté quelques vinyles ce qui ne m’était plus arrivé depuis au moins deux décennies. Donc c’est reparti pour quelques “tours”!!!

  6. Bonjour,
    J’ai 43 ans. Je voudrais laisser un commentaire en temps que professionnel du son, je suis ingénieur du son depuis 20 ans et me spécialise actuellement dans la restauration sonore, et aussi comme mélomane. Je pense, très immodestement, avoir une certaine expertise sur la question du microsillon.
    J’ai toujours écouté des vinyles, même dans les années 90 où je passais pour le dernier des ringards. En production, j’ai travaillé sur bande magnétique jusqu’en 2004.
    Le son numérique des années 80 et 90 ne me convenait pas. J’ai ré écouté récemment des CD de 1987 : j’avais rudement raison ! le son, ce n’était pas ça, malgré ce qu’essayait de nous faire croire les gens du marketing.
    Puis, le numérique a évolué jusqu’à sortir ,au début des années 2000, des appareils et des formats excellents dont le son n’avait rien à envier aux meilleures machines analogiques. Manque de chance, le MP3 a débarqué au même moment, balayant tous ces progrès sur son passage. Je comprends donc fort bien que le vinyle ai fait un come back : entre un mp3 et un 33t, en terme de plaisir sonore, le 33t l’emporte haut la main, même sur une platine basique !
    J’écoute et achète toujours du vinyle mais plus par soucis de vérité historique, qu’autre chose, un peu comme regarder Citizen Kane en 35mm plutôt qu’en DVD.
    Je ne vois donc dans tout ça, que beaucoup de marketing, pour ce qui est véritablement un marché de niche.

    • marketing ou pas, je suis très heureux de voir des étalages de disques vinyles neufs dans les FNAC par exemple… et pas seulement sur des rééditions! Je partage votre opinion sur le MP3 auquel j’ajoute le streaming de certains sites bien connus – seul Qobuz sort du lot!

  7. Le renouveau du vinyle : Être ou Paraître … ???

    Trouver une usine de pressage de vinyles n’est pas une recherche insurmontable. On trouve en Europe (et en France) des ateliers de pressage de vinyle. En revanche, pour un audiophile le son donné par un vinyle doit apporter relief, présence, réalisme des instruments au contraire des fichiers numériques (ou autres CD) au son artificiel et fâcheusement plat.
    La tendance actuelle est de prendre des fichiers numériques pour faire des vinyles. On obtient le son d’un CD lu sur un tourne-disque. Ce n’est pas le son analogique que l’on peut attendre d’un vinyle. Une tromperie numérique sous l’aspect d’un support analogique… Être ou Paraître …

    Le processus d’élaboration de la musique enregistrée avant le pressage d’un vinyle est primordial : l’enregistrement, le mixage, la gravure de la laque (servant à faire la matrice avant pressage) sont les fondements de la qualité du son du vinyle.

    Pour obtenir la qualité du son analogique avec un vinyle il faut au moins que le mixage soit fait analogiquement et tourné sur bandes magnétiques master*, puis que le processus de gravure du disque laque (servant à la fabrication du vinyle) soit totalement analogique (pas de conversion digitale).
    Le must de la qualité est d’effectuer aussi l’enregistrement en mode analogique sur un multipistes à bandes magnétiques … ici pas de recours possible à l’édition, pas de bidouillage informatique … les musiciens doivent seulement faire de la musique au présent, très peu ‘’d’améliorations’’ sont possibles après…
    Dans le commerce aucune mention de traçabilité n’indique selon quel processus le vinyle a été élaboré. Ceux qui veulent produire une musique enregistrée de qualité analogique sont dans l’impossibilité de le faire savoir et sont mis au même rang que les producteurs de produits totalement numérique.
    De même les acheteurs de vinyles ne peuvent pas savoir si le produit acheté correspond à la qualité recherchée.

    Les media nous abreuvent de phrases sur le retour du vinyle…
    Puissent ces media se pencher un peu sur ce que représente au point de vue audio le vinyle, ne pas s’arrêter à l’aspect visuel et palpable de la galette ‘’noire’’… nous informer sur les différentes qualité de son que le marché du vinyle peut apporter.
    En ne dissimulant pas la vérité tout le monde y trouvera son compte, les acheteurs, les artistes… et les audiophiles naturellement.

    Pourquoi ne pas opter pour les 2 lettres A (analogique) ou D (numérique) dans 4 cases permettant une traçabilité

    Captation Mixage Support Master Mastering Support Album
    A ou D A ou D A ou D A ou D
    exemple pour un vinyle tout analogique
    A A A A vinyle

    Exemple pour un fichier HD 24 bits 96kHz enregistré en numérique, mixé et masterisé en analogique (suppor master bande magnétique)
    D A A A 24bits 96kHz

    Exemple pour les vinyles issus de studio tout numérique
    D D D D vinyle

  8. Le disque vinyle est peut-etre l objet qui incarne le mieux le « reel » : grand, esthetique, plus exigeant a produire que le numerique, il a aussi besoin d etre conserve soigneusement. C est un objet de collection et de partage, intergenerationnel qui plus est.

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